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Carnets de voyage

Au pays des hommes intègres

Les membres du GCIUS 2008 sont William Wilson, Karine Beaulieu-Desrochers, Kristell Savard, Stéphanie Lavergne, Alexandre Pépin-Ross et Simon Pelchat.
Les membres du GCIUS 2008 sont William Wilson, Karine Beaulieu-Desrochers, Kristell Savard, Stéphanie Lavergne, Alexandre Pépin-Ross et Simon Pelchat.
Photo : GCIUS

20 novembre 2008

Simon Pelchat, étudiant au baccalauréat en génie électrique

Simon Pelchat fait partie du Groupe de collaboration internationale en ingénierie de l'UdeS (GCIUS). Ce groupe de six étudiantes et étudiants à la Faculté de génie réalise chaque session d'automne des projets de coopération dans des pays en voie de développement. La mission de cette année se déroule à Bama, au Burkina Faso. Le but de ce stage, qui s'inscrit dans le cadre du régime coopératif et qui a été soumis par le programme Uniterra, est de financer et de superviser la construction d'un centre d'étuvage du riz, dont les bénéficiaires seront l'Union des groupements d'étuveuses de riz de Bama. L'étuvage du riz constitue une étape de la transformation du riz, qui rend cette graminée plus nutritive et moins cassante, en plus de fournir une source de revenu supplémentaire pour la famille.

Après un an et demi de préparation, l'équipe 2008 du GCIUS était très fébrile à l'idée d'enfin fouler les terres burkinabées. C'était donc avec un solide budget en poche et beaucoup de détermination que nous avons atterri le 9 septembre dans la capitale, Ouagadougou. Un mercure oscillant entre 35 et 40 oC, des motos et vélos composant la majeure partie du trafic routier et surtout, des milliers de sourires présents sur les visages des gens ont meublé notre accueil : bienvenue au Burkina Faso, le «pays des hommes intègres».

Le Burkina est un pays aux milles visages. Environ 15 millions de personnes y vivent, mais on y compte 60 ethnies différentes. Les Mossis, peuple vivant dans la région de la capitale, composent plus de la moitié de la population. De notre côté, nous sommes dans une région particulière. Comme nous nous trouvons dans une plaine rizicole aménagée garantissant deux récoltes de riz par année, la région a connu un taux d'immigration très fort. On retrouve donc à Bama un amalgame de toutes les ethnies, venues dans l'espoir de vivre de la culture et de la transformation du riz. Ces personnes ont donc eu à apprendre à se côtoyer, malgré les différences de culture, de langue ou de religion. Heureusement pour nous six, la plupart des gens du pays connaissent les bases du français, ce qui facilite drôlement les relations, surtout avec nos employés!

Nous côtoyons un peuple dont la sécurité financière est très précaire, mais qui est trop fier pour le montrer et se plaindre. Les gens font abstraction des difficultés auxquelles ils sont confrontés, entre autres grâce à la foi. Ici, la religion a une importance capitale dans la vie des gens. Bien qu'une majorité de personnes soit musulmane, on retrouve à Bama des animistes, des catholiques, des protestants et même des raéliens! Il ne peut se passer une journée ici sans que quelqu'un de notre entourage fasse référence à Dieu. Par exemple, la réussite d'une des tâches reliées au chantier passe par le travail des ouvriers, mais également par la volonté de Dieu. On peut donc observer régulièrement des ouvriers quitter le chantier pour aller prier quelques minutes, puis revenir avec le sentiment du devoir accompli. C'est une réalité avec laquelle nous, occidentaux, il faut vivre.

La famille avant tout

Le groupe a reçu en octobre la 1re commande de ciment et de fer qui a coûté quelques millions... de francs CFA, bien sur!

Le groupe a reçu en octobre la 1re commande de ciment et de fer qui a coûté quelques millions... de francs CFA, bien sur!

Photo : GCIUS

Le concept de famille ici est différent du nôtre. La collectivité familiale passe avant tout et un individu n'hésitera pas à annuler les plans de sa journée si un membre de sa famille ne se sent pas bien. La chose primordiale à faire quand on salue quelqu'un est d'abord de s'informer de l'état de sa famille et ici, la famille est plutôt élargie. Au Burkina, quand on te présente quelqu'un comme un frère, il peut s'agir d'un frère biologique, mais aussi d'un cousin, d'un ami proche ou d'un voisin avec qui on a grandi. Nous avons donc souvent de la difficulté à distinguer qui sont les enfants biologiques d'une femme!

Les enfants sont particulièrement curieux à notre égard. Nous ne pouvons pas nous promener dans le village sans qu'une dizaine d'entre eux nous suive et nous crie : «Toubabou!», ce qui signifie «Blanc» en dioula, la langue locale. Quand on leur parle, ils rient et veulent nous serrer la main, puis ils repartent en courant. Plusieurs bébés accrochés au dos de leur mère braillent en nous voyant, ce qui provoque un rire chez leur maman. Eh oui, la différence fait parfois un peu peur…

Pour une intégration réussie

Afin d'assurer la cure adéquate du béton, le regroupement des femmes étuveuses apporte sa contribution deux fois par jour en venant arroser les fondations, les briques et les murs.
Afin d'assurer la cure adéquate du béton, le regroupement des femmes étuveuses apporte sa contribution deux fois par jour en venant arroser les fondations, les briques et les murs.
Photo : GCIUS

Nous avons la chance d'avoir une cuisinière fantastique, Asita, qui nous fait découvrir peu à peu la cuisine burkinabée. Évidemment, notre régime alimentaire change beaucoup, mais nous sommes en mesure de retrouver ici les différents éléments qui composent une alimentation saine. Asita est également l'une des seules femmes de Bama qui sache lire et écrire le français ainsi que le dioula. Donc, avec un tableau, elle peut nous apprendre différents mots et expressions en dioula ainsi que leur prononciation correcte. Notre contact avec la population locale se fait ainsi plus facilement, car les gens voient les efforts que nous faisons pour nous intégrer. Il faut dire aussi que nous sommes les seuls Blancs du village, alors notre venue ne passe pas inaperçue. De plus, toutes les informations nous concernant circulent à un rythme dont nous ne comprenons pas encore la vitesse. Nous croisons souvent des gens que nous ne connaissons pas et qui s'informent d'un séjour que nous avons fait dans la ville voisine, alors qu'une seule personne au village en avait été préalablement avertie…

Une bonne façon de s'intégrer est de pratiquer les activités typiques de l'endroit. Comme la plupart des pays d'Afrique, le Burkina est fervent de ballon rond. C'est donc avec plaisir que nous allons régulièrement jouer au soccer avec les hommes de Bama. Leur terrain est composé de gravier compressé, de quelques parcelles de cap rocheux et saupoudré de quelques grains d'herbe. Les poteaux de buts sont des branches d'arbres plantées dans le sol. Certaines branches peuvent subitement disparaître dans la nuit, car le bois est ici une ressource qui vaut assez cher, en raison de sa rareté. Le soir venu, on se transporte vers l'Espace foot, l'endroit au village qui présente les parties de soccer par satellite, moyennant quelques francs CFA de contribution par spectateur. D'autres se rejoignent à la buvette du coin, une sorte de pub, pour se rafraîchir avec une consommation et jouer au baby-foot.

Le chantier avance

Le chantier a démarré depuis sept semaines et les travaux vont bon train. Une vingtaine d'employés travaillent pour nous, toujours avec le sourire. Il faut dire qu'à Bama, les sources de financement sont rares quand les hommes ne sont pas aux champs à travailler leur récolte. Si tout se déroule bien, nous ferons l'inauguration officielle du centre d'étuvage du riz de Bama le 5 décembre.

Le Groupe de collaboration internationale en ingénierie de l'UdeS vous invite chaque semaine à suivre ses activités sur son site Web.